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Un regard nouveau

Jette ton pain illustre le désir d’écrire de sa narratrice Christine Grave, contrarié par les valeurs et les usages du XXe siècle. Le huis-clos entre elle et sa mère mourante constitue son moment de vérité, le creuset au sein duquel va se forger le renouvellement de son écriture. Renoncer aux scénarios conventionnels de l’Amour et de la maternité ressassés du point de vue des hommes afin de dire autrement la vie, tel est l’ultime défi lancé par Alice Rivaz pour faire changer notre regard.

Peinture d'un bouquet de tulipes rouges dans un vase blanc
Bouquet de tulipes peint par Alice Rivaz, sans date (ALS) / Le fonds Alice Rivaz des Archives littéraires suisses à Berne (ALS) contient plusieurs spécimens de peintures et de dessins : fruits d’une activité artistique qu’elle dénigrait en se qualifiant de « peintre du dimanche », mais à laquelle elle a consacré du temps tout au long de sa vie.
Lettre moité tapuscrite et moitié manuscrite d'Ida à sa fille.
Lettre d’Ida Golay à sa fille, sans date (ALS) / Le téléphone étant encore cher, Ida à Lausanne et Alice à Genève s’écrivaient presque quotidiennement, au gré d’un temps libre dont ni l’une ni l’autre n’avait le contrôle.
Peinture avec piano et parasol rouge ouverts
Peinture d’Alice Rivaz, coin de chambre avec bibliothèque et piano, sans date (ALS) / À plusieurs reprises, Alice Rivaz a photographié ou peint l’intérieur de son appartement genevois, signe, probablement, de l’importance qu’elle accordait à l’indépendance qu’il lui avait donnée pour devenir écrivaine.

Alice Rivaz a souvent évoqué la pudeur «victorienne» de sa mère mais aussi, paradoxalement, l’amour exceptionnel qui les unissait tout comme la solidarité féministe qu’elle lui a transmise. Dépendance affective, secrets et mensonges sont inséparables de leur complicité et de leur commune vivacité d’esprit. Nourri de sentiments contradictoires, leur attachement inspire la réflexion d’Alice Rivaz sur une relation féminine et familiale qu’elle a tenu à décrire de ses propres mots.

Le lien mère-fille est la grande affaire de la vie d’Alice Rivaz. Son intensité et sa complexité inspirent Jette ton pain ainsi que, quelques années plus tôt, L’Alphabet du matin. La romancière décrit cet amour de son point de vue féministe, affranchi de la tradition patriarcale.

Ida Golay assise dans un fauteuil, lunettes sur le nez, lit un livre
Ida Golay chez sa fille (ALS)
Ida et Alice Golay, assises. Alice tient un livre illustré dans ses mains.
Ida et Alice Golay, enfant (ALS)

C.F. Ramuz, Anthologie de la Poésie française, 1943
C.F. Ramuz, Anthologie de la Poésie française, 1943
Liste tapuscrite avec des commentaires manuscrits en marge
Liste des écrivaines de Suisse romande (ALS)
Liste tapuscrite listant le service de presse et annotée à la main
Liste pour le service de presse de « Jette ton pain » (ALS)

En juillet 1981, Marcel Raymond écrit à propos de l’anthologie : «J’ai rouvert la semaine dernière le tome I qui me fut envoyé dédicacé par Ramuz, dédicace curieusement interrompue : “Mais c’est Mademoiselle Golay…” Et en effet le choix des textes a été d’abord l’affaire de Mademoiselle Golay.»

Alice Rivaz avait réussi à identifier six femmes (sur 96 poètes).

Les écrivaines du XXe siècle se sont souvent méfiées des listes qui semblaient les maintenir à part de la littérature des hommes. Alice Rivaz y tenait car elle avait conscience de la facilité avec laquelle les femmes disparaissent de l’histoire littéraire.

Le document de travail en vue du service de presse de Jette ton pain est intéressant à plus d’un titre : on y voit le nom de Simone de Beauvoir, qu’Alice Rivaz ne mentionne nulle part ailleurs, ainsi que l’adresse du département de français de l’Université du Wisconsin, qui produisait un Bulletin de Recherches et d’études féministes, discipline académique encore inconnue en Suisse.


Note manuscrite au crayon et signée Alice Rivaz le jour de ses 91 ans
Carnet manuscrit d’Alice Rivaz (ALS) / Note d’Alice Rivaz le jour de son anniversaire (91 ans).
Portrait d’Alice Rivaz par Jean Mayerat, 1986 / Photo prise à l’occasion du tournage du film « Plan-Fixe »
Portrait d’Alice Rivaz par Jean Mayerat, 1986 / Photo prise à l’occasion du tournage du film « Plan-Fixe »
Une femme écrit

Une femme écrit

Alice Rivaz exprime la différence, voire la discordance produite par l’irruption d’une voix de femme dans le masculin universel.

Son œuvre

Son œuvre

Composée de 12 titres parus entre 1940 et 1986, entre fiction et autobiographie, l’œuvre d’Alice Rivaz se caractérise par une recherche constante de la forme juste et le renouvellement de celle-ci de texte en texte.

Rencontrer Alice

Rencontrer Alice

Pianiste d’abord, peintre à ses heures, Alice Rivaz est romancière avant tout, mais son goût pour la peinture, la musique et le cinéma, qui nourrit toute son œuvre, met en évidence la diversité de ses talents.