Une langue sobre, un discours lisse et sans emphase, des mots qui frappent et des histoires qui prennent ainsi une intensité particulière, telles sont les principales caractéristiques des nouvelles de ce recueil. Alice Rivaz, fascinée dès l’enfance par le pouvoir des mots — elle l’exprime si bien dans L’Alphabet du matin — tire toute la substance de ses nouvelles d’un fait minuscule. En quelques traits elle cerne la vie des humbles, des vieux et leur solitude intérieure. Elle dénonce aussi l’indifférence et l’exclusion dont ils font l’objet.

Critique littéraire à la revue Esprit (décembre 2015) François Kasbi, qui avait saisi les drames de ces personnages malmenés et bafoués, s’exprimait ainsi à propos du recueil :

[…] Les nouvelles, denses, intimes, murmurées, de Sans alcool – occasion et alibi, ici, de son évocation – sont un précipité de sa manière délicate, et condensent la plupart des thèmes, universels et ordinaires, qui l’obsèdent : la passion, la quête de l’amour comme idéal impossible, la solitude, l’échec, le malentendu entre les êtres, le vieillissement, la musique (elle fut une pianiste émérite), la vie quotidienne très quotidienne, le monde des humbles et des êtres marginalisés, l’injustice sociale – soit l’envers du décor bourgeois de la plupart de ses nouvelles. Son prisme : la vie intérieure qui confère à chacune de ses nouvelles une intensité stupéfiante et une allure de tableau dépourvu de pittoresque. Rivaz suggère : en quelques pages, elle installe une ambiance, crée une atmosphère, “ raconte des êtres (sic) ” : […] Nous la trouvons radieuse, extralucide, illuminée par une lumière intérieure qui est l’autre nom de la clairvoyance – verticale. Alice Rivaz Suisse romande ? Naturalisée humaine, …

La force d’évocation de ces nouvelles n’est certainement pas étrangère à leur succès jamais démenti depuis leur parution.

En savoir plus :

François Kasbi, Notice sur Alice Rivaz, Sans Alcool et Françoise Fornerod, Le temps d'Alice Rivaz, Revue Esprit, 2015.