Comme le sable inaugure ce qu’Alice Rivaz avait conçu comme un « cycle romanesque » en plusieurs tomes, intitulé Un temps pour tout, « où l’on aurait vu revenir à la surface les mêmes personnages », en 1928, en 1933, en 1936, en 1939-40 et en 1945. Seul Le Creux de la Vague, deuxième tome de ce projet, verra le jour vingt ans plus tard. 

L’action du roman se situe au début de 1928, à Genève. Le récit tourne autour de deux soirées : l’une chez les Winley et l’autre à l’occasion un bal du Bureau International du Travail (BIT). Ce sont avant tout les relations entre les personnages qui animent le roman. L’intrigue se réduit à quelques épisodes de leur vie sentimentale.

André Chateney, chef de service au BIT, tombe amoureux de Nelly Demierre dont la voix l’a subjugué ; il veut l’épouser et tenter d’en faire une cantatrice célèbre. Depuis longtemps, il rêve d’embrasser une carrière de chef d’orchestre. Sept ans auparavant, Hélène Blum, personnage central du roman, a eu une brève liaison avec lui. Elle n’a jamais cessé de l’aimer et met ce dernier en demeure de s’expliquer à propos de son silence et des raisons de leur rupture. Quant à la toute jeune Claire-Lise Rivier, qui aime profondément son ami d’enfance Marc Jeanrenaud, elle se heurte à une indifférence blessante. Les allusions à Gide permettent au lecteur d’entrevoir la vraie raison de cette indifférence. Autre personnage : la « vieille et jolie Mme Peter ». Son rôle sera plus important dans Le Creux de la vague où elle incarnera un personnage engagé et militant. 

Écrire l’Histoire du milieu du XX^e siècle telle qu’elle a été vécue par des gens, conscients ou inconscients des catastrophes à venir, telle était l’ambition de la romancière.

Et qu’importent les intrigues qui, décidément m’intéressent de moins en moins et même m’ennuient de plus en plus. Mais comment écrire un roman privé de toute intrigue ?

Traces de vie, mai 1943