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Bruno Pellegrino, Là-bas, août est un mois d'automne

Avec précaution et tendresse, sur la pointe des pieds et sans effraction, dans leur univers de poésie et le monde d’autrefois, dans le quotidien, l’écriture et les sentiments du poète, Bruno Pellegrino emmène son lecteur sur les pas de Gustave Roud et de sa sœur Madeleine. Avec l’évocation de la campagne vaudoise, telle que certains d’entre nous l’ont encore connue et vécue, avec la description des chevaux de labour et des chars à foin sur lesquels nous revenions «victorieux et heureux», il donne à connaître et fait l’éloge de ce monde disparu.

Le roman, puisqu’il s’agit bien d’une fiction, évoque un de nos plus grands poètes, si discret et si sensible, qui a consacré sa vie entière à son art. Avec un rare bonheur, Bruno Pellegrino se hisse à la hauteur du poète dont il devient l’héritier. Il immortalise ainsi Carrouge et sa «campagne retrouvée».

Son style, merveilleusement calqué sur son sujet, épouse la lenteur et la grâce qui caractérisent l’œuvre et la vie de Roud. Les échanges du frère et de la sœur deviennent audibles, leurs activités concrètes. A la sœur aînée, restée jusqu’ici dans l’ombre, Bruno Pellegrino donne enfin la place qui lui revient : elle accède à la vie. Personnalité forte et attachante par sa présence sans faille, Madeleine a sans aucun doute contribué à l’accomplissement de l’œuvre. Justice lui est rendue.