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De mémoire et d’oubli

Auteur·trice
Alice Rivaz
Éditeur
Éditions de l'Aire / Rencontre, Lausanne
Format
Grand format
Nombre de pages
Date de parution
1973
De mémoire et d’oubli

Publié en 1973, alors qu’Alice Rivaz était au sommet de son art, De mémoire et d’oubli est constitué de dix-neuf courts récits. On retrouve les thèmes familiers de la romancière : l’amour, ses déceptions et ses échecs, l’injustice faite aux déshérités et aux plus faibles, la peur de la vieillesse, la solitude, la révolte devant la souffrance et la mort. Comme l’indique le titre, le thème de l’oubli sous-tend tout le recueil et donne le ton à chacune des nouvelles. Le style, subtil et dépouillé, tragique et sobre tout à la fois, bouleverse par sa force d’évocation et la compassion qu’elle suscite.

Les personnages des différentes nouvelles et particulièrement la petite Fanny (Danse Fanny), Éric (Devine qui est là) ou encore les personnages âgés, comme «le méchant homme» ou «le vieux militant» ne peuvent laisser indifférent. Leur absence de réaction, de révolte et leur silence attestent de leur souffrance et de l’indignité de ce qu’on leur impose.

La Machine à tricoter vaut particulièrement la lecture pour son évocation du travail d’écriture comparé au travail manuel des tricoteuses et des ravaudeuses. Elle ouvre une perspective nouvelle : tout en traitant de la pauvreté et du malheur, cette nouvelle donne un éclairage sur l’état d’esprit de celle qui écrit :

Certes je ressentais toujours la même compassion, la même révolte, mais, dans le même temps, une sorte de plaisir vif me soulevait à la perspective de traiter un si beau sujet. Ainsi sont ceux qui se mêlent d’écrire. ‘Des chacals’ comme l’a un jour affirmé de lui Romain Gary.

Corinna Bille lui écrit dans la foulée de sa lecture :

La semaine dernière, au lit pour une grippe, j’ai rouvert votre livre qui était resté à mon chevet : De mémoire et d’oubli et je ne l’ai plus refermé jusqu’à La Clairière. Il me reste donc encore quelques pages. Mais très vite, j’ai voulu vous écrire car j’ai été bouleversée par votre ton, votre amour de nos sœurs et frères douloureux, émerveillée, oui par vous tout simplement…

(lettre de C. Bille, 17 mars 1974)

Bel hommage que celui d’une de ses sœurs en littérature.